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28 février 2013

DotA : c’est quoi ? (3)

Classé dans : Article — admin @ 10 h 53 min

Dota 2 : Et toi, qu’est-ce que tu joues ?


De l’inutilité de la triade (suck it, China)

En tant que jeux multi-joueurs, les MMORPG ont inventé des rôles que l’on peut grosso modo résumer à une triade : tank / healer / dps. En organisant ainsi les différents joueurs et en leur donnant une fonction dans le groupe, on obtient une structure ayant une cohésion et chaque joueur a une tâche bien définie à remplir. Les MOBA ne sont pas très différents : alignant deux équipes de cinq joueurs, chacun va nécessairement avoir un rôle différent. Cependant, la « triade » consacrée du MMO ne leur convient pas et il est apparu nécessaire d’inventer de nouvelles catégories. Or les héros de DotA sont naturellement divisés en trois catégories, en fonction de leur caractéristique principale. Cette division n’est cependant pas pertinente quand il s’agit de choisir son héros et de composer une équipe et de nouveaux termes ont dû être inventés pour décrire les rôles dans DotA.


Manifeste pour la reconnaissance des héros Force intelligents

Sur l’écran permettant de choisir les héros, ceux-ci sont divisés en fonction de leur caractéristique principale. En effet, DotA est à l’origine une map créée via l’éditeur de Warcraft 3 et les héros en reprennent donc le fonctionnement : trois caractéristiques différentes, la Force, l’Agilité et l’Intelligence. La Force augmente le nombre de points de vie et la régénération passive de points de vie ; l’Agilité augmente l’armure et la vitesse d’attaque ; l’Intelligence augmente le mana et la régénération de mana. Chaque héros a une caractéristique dite « principale » qui augmente également ses dégâts (un héros Agilité gagnera donc vitesse d’attaque, armure et dégâts grâce à ses points d’Agilité, etc.). A chaque niveau, un héros gagne des points dans chaque caractéristique. Le nombre de points gagnés par niveau varie entièrement selon les héros.

Que conclure de ces premiers éléments ? D’abord, que chaque héros gagne donc des dégâts avec sa caractéristique principale et qu’il n’y a pas de caractéristique qui va naturellement taper « moins fort ». Ceci étant dit, dans un scénario purement fondé sur deux héros échangeant des coups, il apparaît nettement que le héros Agilité semble avantagé (puisqu’il augmente sa vitesse d’attaque ET les dégâts desdites attaques via la même caractéristique), ainsi que le héros Force dans une moindre mesure (puisqu’il va gagner des points de vie et donc être capable d’encaisser des dégâts tout en en infligeant. Par rapport à cela, le héros Intelligence semble désavantagé : sa caractéristique qui augmente les dégâts est liée à sa barre de mana, ce qui ne semble pas efficace dans la situation envisagée.

Il y a évidemment un « sauf que ». Les héros ont des sorts, très différents les uns des autres et des gains de stats très différents. Leur armure de départ et leur attaque de départ varie également. Il est donc difficile de faire des généralités. Certains héros Intelligence vont utiliser leur mana pour faire des dégâts via leur attaque (c’est le cas d’Outworld Destroyer) ; certains héros Agilité vont avoir un gain d’Agilité ridicule, etc.. Quand il s’agit de trouver la place d’un héros dans l’équipe, il n’est donc pas tant question de caractéristique principale que de sorts et de gains de statistiques.

Un véritable dilemme identitaire

On ne peut donc pas décrire les héros dans ce jeu via leur caractéristique principale ; c’est un élément de description mais cela ne permet pas de définir leur rôle. Les joueurs ont donc créé des rôles : la triade classique du MMO n’est pas spécialement pertinente ici puisqu’il n’y a que peu de héros ayant des soins, que ces soins font également des dégâts, pour la plupart et qu’ils ne définissent pas le rôle du héros. De la même manière, « tank » est plutôt une caractéristique qu’un rôle. Dans la plupart des cas, un héros « tank » va effectivement être résistant et difficile à tuer mais le rôle d’un tank est essentiellement de prendre l’aggro de l’adversaire et d’encaisser les coups pour son équipe ; un tel rôle n’existe pas vraiment dans DotA.

Pour cette raison, des termes ont été « inventés » : on parle dans DotA de « supports », de « carrys » ou encore de « gankers » et « init » (pour « initiateurs »). Le principe est qu’un support est un héros qui a des sorts le rendant efficace dès le début de partie et qui n’a pas réellement besoin d’items pour être efficace ; par opposition, un carry est un personnage peu utile en début de partie qui va avoir besoin de niveaux et d’items pour montrer son véritable potentiel. Le ganker est le rôle du héros de « mid-game » qui va beaucoup bouger et faire autant de kills que possible.

Cela amène une nécessaire précision : contrairement à LoL, les sorts ont des valeurs fixes, qui ne sont pas augmentés par les caractéristiques. Par conséquent, les héros ayant des sorts à dégâts (« nukes ») vont être surtout efficaces en début de partie et vont perdre en efficacité au fur et à mesure du temps par rapport aux héros qui se basent sur attaque de base (par opposition aux sorts qu’ils pourraient employer). La plupart des véritables carrys vont donc être des héros Force ou Agilité ayant les capacités qui vont bien.

Cette classification a été très longtemps été utilisée et l’est toujours dans une certaine mesure mais elle a prouvé ses limites : en effet, de nombreux héros ne rentrent pas dans une catégorie précise. Queen of Pain par exemple rentrerait plutôt dans la case « ganker », c’est du moins un héros joué solo car ayant besoin de beaucoup d’expérience pour être efficace ; avec un bon début de partie, elle peut cependant devenir un carry très viable. C’est d’ailleurs le cas de plusieurs héros classés à l’origine comme « gankers ». Des séparations ont donc été créées entre « semi-carry » « carry » ou « hard carry » ; certains héros vont pouvoir être joué en support ou en ganker, voire en  carry, etc.. En définitive, il s’est avéré difficile de classer une étiquette sur nombre de héros, dont le rôle varie selon le reste des héros présents et parfois selon le déroulement de la partie.


Savez-vous compter les rôles, à la mode à la mode

C’est d’Asie qu’est venu le moyen de classification que l’auteur de ces lignes pense le plus fonctionnel. Puisque les catégories précédentes sont variables et souvent ne marchent pas, autant inventer quelque chose de moins précis et plus fonctionnel. Cette méthode consiste à déterminer au début d’une partie l’ordre de farm (argent récupéré, notamment par le massacre en règle de pauvres creeps presque innocents). Très simplement, chacun des 5 héros se voit attribué un chiffre allant de 1 à 5. Le numéro 1 est celui qui a la priorité dans la répartition du farm, le numéro 5 est celui qui prendra le moins de farm, le numéro 2 a priorité sur le numéro 3, etc.. De cette manière,  on ne pense pas à placer les héros dans des larges catégories qui ne conviennent pas à la plupart mais on les pense simplement en fonction de leur place dans une composition d’équipe donnée. D’une partie à l’autre, Queen of Pain va donc pouvoir être jouée en 1 (c’est cependant plutôt rare) ou en 2, voire en 3 ; pas vraiment en 4 ou 5.

Que tirer de tout cela ? Quand vous lancez votre partie de DotA et que vous ne savez pas qui prendre, plutôt que de regarder la caractéristique principale du héros pour orienter votre choix, plutôt que de vous demander si votre héros est un « semi-carry » ou un « hard-carry », demandez-vous comment vous allez répartir l’argent de manière à ce que chaque héros puisse avoir un impact. Ce n’est évidemment pas le seul facteur : il faut essayer de prévoir les combinaisons possibles en lane (éviter par exemple de mettre deux héros càc sur la même lane), regarder les héros en face pour ne pas prendre un héros quand un de ses contres est en face, etc.. Mais c’est déjà une bonne manière d’y réfléchir, au premier abord.

Présentation d’une âme tourmentée

Pour finir ce petit article consacré aux rôles et à la classification (il y aurait sur le sujet bien plus à dire mais inutile de trop s’embrouiller dans un premier temps), jetons un œil à un héros versatile et plutôt intéressant dans le cadre de ce qui est discuté auparavant, car il peut occuper plusieurs rôles et plusieurs positions sur la chaîne du farm : j’ai nommé le sinistre Leshrac.

Derrière cette anagramme de Charles (Charles Xavier ou Charles X ? Les experts sont divisés) se cache un héros pourvu de quatre sorts actifs infligeant tous des dégâts.

Le premier, Split Earth, est un stun de zone qui se présente sous la forme d’un cercle dont le diamètre est ridiculement petit au niveau 1 et nettement plus correct lorsque l’on investit quelques points dans le sort. Le stun est efficace mais les temps de cast de Leshrac étant plutôt longs, il requiert généralement un autre héros pourvu de stun pour pouvoir le placer.

Le second sort, Diabolic Edict, est un PBAE (Player Based Area of Effect ; un AoE centré sur le héros) : une fois lancé, 32 explosions sont générées en 8 secondes autour de Leshrac, réparties aléatoirement entre les cibles, pour un total de dégâts très important (augmentant en fonction du nombre de points investis dans le sort). Concrètement, cela signifie que s’il n’y a qu’une personne à portée, celle-ci subira toutes les explosions, ce qui représente de très gros dégâts. C’est aussi un sort très efficace pour détruire rapidement des tours ennemies.

Le troisième sort, Lightning Storm, est une chaîne d’éclairs assez simple, qui inflige des dégâts intéressants mais qui a malheureusement un temps de cast décourageant (comme tous les sorts de Leshrac par ailleurs ; c’est son principal défaut).

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Le quatrième sort, Pulse Nova, est un autre PBAE que l’on peut activer / désactiver à loisir. Le lancer coûte du mana et il mange du mana pour chaque seconde passée active. En dépit des très importants dégâts infligés, c’est donc une pompe à mana.

Comptons bien : 4 sorts, 4 actifs, tous coûtant leur pesant de mana, spécialement l’ultime qui requiert du mana pour être maintenu actif. Conclusion ? Leshrac est très manavore. Ajoutons qu’il est de plus très fragile à cause d’un mauvais gain de Force (1,5 par niveau) et on a le tableau d’un héros qui semble requérir un paquet de farm pour être viable. Pourtant, Leshrac est un très bon support, fréquemment utilisé : en effet, simplement lancer deux ou trois de ses sorts lui permet d’avoir un gros impact sur un fight de début de partie ! Il peut également être joué en position 2 ou 3 (rarement 1) en lui laissant plus de marge pour avoir du farm et construire de gros items : un Leshrac résistant va infliger des dégâts absolument massifs au cours d’un teamfight.

Quelques indications rapides quant au build à suivre avec lui : on monte généralement deux de ses sorts au rang 4 avec de prendre l’ultime ou même le 3e sort. Le stun est toujours l’un de ces deux sorts, le deuxième dépend de la situation (mais le Diabolic Edict reste sans doute le plus efficace dans la plupart des cas). Au niveau 9, on monte un point dans le 3e sort et aux niveaux 10 et 11, deux points dans l’ultime. Cependant, c’est un build classique et contestable : le héros n’a pas vraiment un unique build à suivre.

Quant aux items, tout dépend du farm : joué en position 2 ou 3, une Bloodstone rapide peut le rendre très efficace (il s’agit d’un item conférant des stats et gagnant des charges lorsque le porteur tue des héros ennemis ou aide à en tuer, un peu comme l’Urn of Shadows mentionnée dans l’article sur les objets ; avoir beaucoup de charges réduit drastiquement le temps passé mort, notamment, et l’objet perd la moitié de ses charges lorsque le porteur meurt) ; il aura souvent besoin d’un Black King Bar (item qui confère une immunité totale à la magie pour quelques secondes) pour se déplacer librement dans un teamfight. Enfin, un Sheepstick augmentera sa capacité de nuisance en donnant un gros CC (Crowd Control) supplémentaire à son équipe. Joué en position 4 ou 5, viser les Arcane Boots et des Drums of Endurance (voire l’article précédent pour une brève description de leur effet), dans un premier temps ; à terme, si possible, un Black King Bar.

Pour discuter de l’article, c’est ici : http://www.raphp.fr/fofo/viewtopic.php?f=2&t=2134

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