DotA, MOBA et Coca
Et le Cola ?
Quel est le rapport entre ces trois termes, pourrez-vous, fort judicieusement, vous demander ? Les deux premiers sont des sigles : DotA signifie « Defense of the Ancients », nom originel du mod sur Warcraft 3 (nous y reviendrons) ; MOBA signifie « Multiplayer Online Battle Arena » et il s’agit d’un terme inventé par les développeurs de League of Legends et popularisé par la suite ; quant à « coca », c’est entre autres une plante et un raccourci pour la boisson « Coca-Cola ». Quel est le rapport entre ces trois termes ? A part la sonorité similaire, sur le même principe que « métro boulot dodo », aucun. Mais il faut bien trouver un titre, lecteur. Un conseil : anglophobes, s’abstenir.
Sigles en folie
Sur ces considérations, oublions le coca (ou la coca, selon qu’on parle de la boisson ou de la plante) et penchons-nous sur les deux premiers qui semblent déjà plus simples à mettre en relation. D’abord parce que théoriquement, DotA est un MOBA. L’histoire est plus compliquée que cela. DotA est à l’origine un mod du jeu Warcraft 3, devenu extrêmement populaire. Plusieurs développeurs ont été en charge du mod, à des époques différentes. Ce qu’il faut sans doute en retenir, c’est que Guinsoo fut l’un des premiers à tenter de donner une forme d’équilibre à une map (carte) qui ne ressemblait pas à grand-chose ; qu’il intégra Roshan au jeu, ce boss jaloux qui conserve son Aegis of the Immortal et parfois même du bon fromage (nous y reviendrons dans le futur). Puis vint Icefrog, après le départ de Guinsoo, Icefrog qui est toujours le développeur à ce jour et qui est connu comme celui qui a rendu DotA compétitif, en équilibrant soigneusement à coup de gigantesques patchs et refontes de héros. Et pendant ce temps, Guinsoo ? Il est parti sur son projet perso, un « DotA-like » sur une nouvelle plateforme, sans limitation d’engin : c’est devenu League of Legends (LoL pour les intimes), le succès que l’on connaît et c’est des développeurs de LoL qu’est sorti le terme « MOBA » pour se référer au genre qui, outre DotA et LoL réunit également Heroes of Newerth, ou HoN et d’autres petits frères en mal d’affection. La raison marketing en semble évidente, quoiqu’on puisse douter de la pertinence du sigle. « Multiplayer Online Battle Arena » semble assez large et pourrait en théorie s’appliquer à des jeux très différents ; néanmoins, le terme est entré dans les us malgré la tentative des développeurs de Valve (mais que vient faire Valve là-dedans, vous demandez-vous peut-être) d’utiliser le terme ARTS pour Action Real Time Strategy.
On a donc un genre MOBA ou DotA-like qui réunit à la fois le mod originel et LoL ; cependant, comme mentionné précédemment, d’autres jeux ont tenté de surfer sur la popularité croissante de ce type de jeu. Heroes of Newerth, par la boite indé S2 a tenté le coup – avec à l’origine, paraît-il, l’appui d’Icefrog qui a finalement laissé tomber quand on lui a dit qu’il ne contrôlerait pas à lui seul l’équilibrage du jeu ; surtout, Valve a annoncé qu’en partenariat avec Icefrog ils développeraient Dota 2, actuellement en phase de Beta plus très fermée, c’est-à-dire un port littéral de DotA sur une nouvelle plateforme – là où League of Legends n’a fait que reprendre le concept de DotA. Et là apparaît toute la fumisterie de l’article jusqu’ici : parce que c’est bien beau tout ça, mais on ne sait toujours pas ce que c’est !
Avant de plonger dans le vif du sujet, une dernière petite parenthèse sur les sigles. Vous remarquerez sans doute qu’il y a entre DotA et Dota 2 une majuscule de différence. La raison en est amusante : DotA correspond à Defense of the Ancients, le mod originel. Il y a une bataille juridique autour du nom, que Valve – via Icefrog – revendique, de même que Riot, la société derrière LoL, au nom de Guinsoo et que Blizzard – qui considère que le mod ayant été développé sur son éditeur de cartes, lui appartient. Valve a donc déposé le terme « Dota » qui n’est pas un acronyme et qui explique la différence de majuscule (mais DotA et Dota 2 sont les mêmes jeux, ce qui explique que nous utiliserons un terme ou l’autre indifféremment par la suite). Quant au MOBA que prépare Blizzard, il s’appelait DOTA All-Stars mais Valve et Blizzard sont arrivés à un accord et il n’est plus que « Blizzard All-Stars ». Quant à Riot, ils continuent de convoiter le terme « Dota » dans son ensemble. Affaire à suivre.
DotA c’est quoi ?
Il est temps, n’est-ce pas ? Et oui, après avoir consciencieusement tergiversé pendant environ 740 mots, vient le moment de se pencher sur la question cruciale : c’est cool mais en quoi ça consiste ? Cruciale, et pas évidente.
DotA est un jeu où deux équipes de 5 joueurs s’affrontent. Chaque joueur contrôle, le temps d’une partie, un héros, qui commence niveau 1 et peut monter jusqu’au niveau 25 et gagne de l’expérience en se tenant à proximité de creeps adverses lorsqu’ils meurent, ou en tuant un (voire des !) héros ennemi(s). Ah, et là, déjà, premier problème : c’est quoi un creep ? Et comment ça s’organise ? Chacun rentre par la porte de l’arène et on se fout sur la gueule ?
DotA est un jeu qui voit s’affronter deux camps ennemis. Les Sentinels et les Scourge (Sentinelles / Fléau en français, donc) pour le mod originel. Sur Dota 2, c’est devenu (pour des raisons de copyright, probablement) Radiant contre Dire. Chaque camp a une base construite autour de l’Ancient, aussi connu sous le nom de Trône. Le but de chaque équipe, c’est de détruire le trône adverse. La base a trois entrées par laquelle passent des vagues de creeps, des unités contrôlées par l’IA de votre camp qui suivent benoîtement un chemin tracé qui mène à la base adverse (on parle, pour cette tracée, d’une « lane »). Ainsi, on le comprend facilement, les creeps de chaque camp vont se retrouver à mi-chemin et se taper sur la trogne. Chaque lane est gardée par trois tours. Que viennent faire les héros dans tout cela ? Et bien ils vont suivre les creeps et tenter d’achever les creeps adverses, ce qui leur fournit une petite somme de golds, golds nécessaires pour acheter des objets, eux-mêmes nécessaires pour poutrer la tronche des héros adverses.
Résumons : deux camps, des creeps qui suivent des lanes, les joueurs qui contrôlent des héros, qui achèvent sournoisement les creeps de l’adversaire pour récupérer de la thune, et dont le but est de prendre la base adverse – et pour ce faire, il faut aider ses propres creeps à avancer, souvent en massacrant ceux de l’adversaire à la pelle et surtout en tuant les héros adverses qui généralement ne voient pas d’un bon œil que vous vouliez gagner la partie (étonnant, n’est-ce pas ?). Une fois la partie terminée dans un flot d’adrénaline, de rage et d’insultes en russe, vous retournez au lobby et appuyez rageusement sur « Find a match » pour relancer une partie et recommencer avec un nouveau héros, qui repart au niveau 1 et à poil.
Chaque héros a 4 sorts : trois sorts « de base » et un sort ultime qui n’est disponible qu’à partir du niveau 6. Les trois sorts de base ont 4 rangs, l’ultime en a 3 (le premier rang est disponible au niveau 6, le second au niveau 11, le troisième au niveau 16) ; une fois les sorts maxés, gagner un niveau permet de mettre un point en Stats, qui comme son nom l’indique, augmente les statistiques de votre héros. Quelles statistiques ? C’est une autre histoire et ce sera le sujet d’un autre article.
Grosso modo, c’est le concept d’un MOBA au sens restreint (c’est-à-dire un DotA-like ; d’autres jeux assez différents se réclament du terme comme Bloodline Champions, un jeu qui permet de faire des arènes façon WoW par exemple). Excepté pour les sorts, c’est une description qui convient à LoL comme à HoN ou à DotA / Dota 2.
La conclusion à tirer de tout cela, c’est que si le concept même de DotA est difficile à expliquer, y jouer est encore plus difficile. Entre les conventions quant à la manière dont se répartissent les héros sur la carte en début de partie, la tonne de héros avec des sorts très différents les uns des autres, les nombreux items ayant souvent des effets actifs, etc., apprendre à jouer demande du temps et de la volonté – et aussi, souvent, des conseils. La meilleure manière cependant reste de jouer, de préférence avec des gens à même de guider un petit peu, ce pour quoi cet article et ceux qui viendront n’ont pas pour objectif « d’apprendre à jouer » ou même d’essayer. Leur but sera de présenter le jeu, sous différents aspects ; revenir sur son actualité, donner des conseils et des astuces ici et là, réfléchir sur certains aspects du jeu. Ainsi le prochain article reviendra sur les différents types de héros, leurs caractéristiques et ce qui les différencie les uns des autres.
Pour discuter de l’article, c’est ici : http://www.raphp.fr/fofo/viewtopic.php?f=2&t=2134